Le Trail et autres courses « nature »

Le Trail, est la course nature par excellence, avec des parcours qui peuvent être très techniques, où certains organisateurs n’ont pas peur de mettre des cordes pour descendre ou monter des pentes abruptes, à la limite de l’adhérence.

Parfois même de longs passages en rivière comme à la TransGranCanaria viennent vous surprendre, plus d’une heure et demie les pieds dans l’eau ! Ailleurs, des traversées de torrent de montagne avec de l’eau qui sort quelques kilomètres plus haut de glaciers vous rafraîchissent jusqu’à la moëlle, comme au Gondo Event, avec de l’eau jusqu’à la taille, mais avec l’assurance de pouvoir se tenir à une corde et sous surveillance des organisateurs. Bref, des parcours qui surprennent souvent et qui nous font sortir de nos habitudes confortables de l’entraînement. L’habitude de courir sur des sentiers aide à passer ses difficultés et muscle déjà les chevilles qui sont souvent mises à contribution.



Ravitaillement : Principe de la semi-autosuffisance alimentaire, les postes sont peu nombreux et donc éloignés les uns des autres. Cela nécessite de prendre sur soi un camelbak ou une gourde avec ceinture, avec quelques gels, barres énergétiques ou ses produits préférés. Il faut donc savoir gérer son liquide et son solide pour ne pas souffrir de la soif, voir de déshydratation, ou de soudaine hypoglycémie qu’on ne saurait faire passer rapidement. Il peut y avoir des contenances obligatoires de liquide et de ravitaillement solide à avoir au départ.

Avoir l’habitude de s’alimenter aussi, savoir ce qu’on supporte et pas. Tester ça à l’entraînement évite des désagréments en course. Savoir dans quelle poche ou partie du sac se trouvent nos gels et barres et si possible dans une poche facilement accessible sans devoir enlever son sac ou sa ceinture porte-gourdes.



Du liquide, des fruits, des biscuits, du chocolat etc…


Et des protéines pas encore apprêtées !


Equipement : En fonction de la longueur du parcours et de la météo, il faut souvent prévoir un survêtement dans son sac à dos ou sa ceinture. Certains habits sont parfois obligatoires comme sur l’UTMB, en raison de la ou des nuits à passer sur le parcours. Aussi en raison des hautes altitudes ou simplement de la météo qui peut changer brusquement. En haute montagne, la météo est capricieuse et peut passer rapidement d’un temps beau et chaud au froid et aux précipitations, parfois même mêlées de neige en plein été. Donc bonnet et gants sont parfois aussi conseillé en été, suivant le trail qu’on court. Sur les trails qui empruntent la haute montagne ou le désert, des habits et du matériel sont donc obligatoires. (sifflet, couverture de survie, habits chauds, lampes frontales, boussole, natel etc…)

Il est important d’essayer son matériel à l’entraînement, de contrôler son bon état avant la compétition. Un sac qui frotte ou avec des coutures qui lâchent va procurer des échauffements ou une déception et un gros problème si il perce durant le parcours. Être sûr que les sangles sont toujours bien ajustables, qu’il ne manque pas une fermeture.

Pour les porteurs de lunettes, je recommande les verres de contact. Je les porte en principe seulement en compétition, bien que ma vue ne soit pas si mauvaise. Mais une vue perçante aide à trouver les fanions et autres rubalises qui jalonnent le parcours. Il ne m’est pas rare quand même de me tromper lors de trail. Dans ce cas, revenir sur ses pas jusqu’à la dernière marque aperçue.

Des chaussures avec un bon profil peuvent éviter des glissades sur des terrains humides ou enneigés. Il en faut surtout une paire assez grande pour éviter les ongles noires à cause des descentes. Les avoir utilisées avant la compétition pour ne pas avoir de mauvaises surprises et être sûr qu’on ait bien à l’aise avec, qu’elles soient le bon trait d’union entre le corps et le terrain.




Avec les textiles techniques qui existent actuellement et qu’on reçoit maintenant souvent dans les courses comme prix souvenir, plus moyen d’être mal équipé. On transpire mais on est quasiment sec. On évite aussi des refroidissements de cette façon.

Un peu d’argent peut dépanner aussi, surtout lors des trails d’un jour ou plus.

Etat d’esprit : On est en général des amoureux de la nature, donc on la respecte. On est content de la trouver la plus intacte possible et propre. Donc ne pas jeter ses déchets, ses tubes de gels vides et autres emballages. On peut les déposer au prochain ravitaillement si vraiment ça nous démange de s’en débarrasser. Je suis toujours étonné de trouver des déchets en pleine nature de la part d’utilisateurs de la nature et soi-disant amoureux de celle-ci. Après moi le déluge ?




Parfois des rencontres insolites, cheval, vaches au milieu du chemin, chien peu engageant et imposant ou petit roquet teigneux, basse cour à traverser avec bien des volatiles, essaim de guêpes, vipère en travers du sentier, chevreuil, renard, blaireau, chamois, bouquetin, lièvre, grenouilles et crapauds, tritons dans les prés marécageux, serpent et oiseaux morts enlacés dans le sable du Marathon des Sables, squelettes de bêtes diverses dans le désert et en forêt, rennes en Scandinavie, boue à en perdre ses chaussures par effet de ventouse, pluie, rivière à traverser, rocher à grimper avec l’aide de chaîne, de corde, d’échelles, neige, bourrasques de vent : la nature est là avec ses acteurs et il faut s’attendre à des surprises ! Que des expériences vécues lors de courses qui laissent de bons ou surprenants souvenirs… !!!




Récupération : Malgré parfois de fortes courbatures dues aux descentes qui durcissent parfois comme du béton les quadriceps, la récupération d’un trail d’une vingtaine à trentaine d’heures d’effort est bien plus rapide qu’après des efforts sur un 24h. Le mouvement semblable, unilatéral sur un 24h répété inlassablement qui à la longue surcharge les mêmes points des articulations et des muscles est plus lourd et astreignant pour l’organisme et le mental.

Après un gros trail et quelques jours de repos, le corps est plus vite apte à reprendre un rythme normal. Après un 24h, c’est beaucoup plus long et douloureux. Une seule exception à cela : après mon record de 248.965 km sur 24h à Séoul, je pouvais déjà faire plus de 1500 m de dénivellé sans douleur déjà 3 jours après. C’est vrai, c’était en marchant mais les sentiers étaient très raides. 4 jours après, je courais déjà 2 heures de temps ! Mais j’avais une forme de record !




D’autres courses « nature » n’ont pas la définition « Trail », terme à la mode dans certaines contrées, spécialement en France. Ces courses sont tout aussi bien organisées, ont souvent plus de points de ravitaillement mais cela n’en fait pas des courses plus faciles pour autant. La beauté du paysage n’a rien à leur envier non-plus et certaines sont organisées depuis plus de 15, 20, voir 30 ans ` !!!. Elles sont des classiques des courses natures et leur réputation n’est plus à faire. L’organisation est bien rôdée et le succès qu’elles ont démontre bien que ce n’est pas le terme « Trail » qui fait qu’elles sont plus « nature ».

A vos baskets ! La nature vous attends avec ou sans dossard sur la poitrine ! On peut faire son trail tout seul à l’entraînement, avec réserve de nourriture et boisson, pour parer à la solitude des sentiers choisis et à l’éloignement de ceux-ci des contrées civilisées !!!

Avril 2010