Spartathlon 2006

Impressions de course

 


Lieu du départ, Pied de l'Acropole peu avant la délivrance du départ.

Comme d'habitude dans le parc de l'Acropole, l'excitation est mélangée de points d'interrogation, de doute sur sa forme, sur les pépins possibles en cours de route.Je pars en compagnie de mon ami Jens Lukas, qui s'encouble 100 m après le départ sur un trou, chantier de mise en place des pavés. Ecorché à la main et au genou, il boitille un peu mais dit que ça va aller. On a décidé de courir ensemble, si c'est possible.Au ravitaillement du 20ème km environ, il doit s'arrêter pour remplir son camelbak et me dit de continuer, qu'il va me rattraper.Dès ce moment, je cours seul et atteint Corinthe et le 81ème km, gros poste de ravitaillement avec 15 min environ de retard sur mon meilleur temps de 2002, soit dans mon temps de 2003.
   

Jusque là, tout va bien sinon que le tendon d'Achille gauche me fait un peu souffrir. Ensuite, la douleur va disparaître à cet endroit pour me déranger au genou gauche. Je vais me faire rattraper par Jens au 100ème kil environ, nous allons courir un peu ensemble, de même qu'avec 2 autres coureurs.
La douleur se fait toujours plus sentir et m'oblige à marcher dans la montée du col, dans les cailloux.

Ma lampe de poche n'est pas super, mais vu que j'en ai deux, cela me permet de voir assez. Je passe la montagne en 8ème position, en avance d'une heure par rapport à mon temps de 2003. Je suis dans les temps pour casser les 28 heures.


Quelque part avant Corinthe

   

Fin de journée, regroupement avec quelques coureurs vers Néméa si ma mémoire est bonne ?

Au 190ème kilomètres, à l'entame de la montée, mon genou me fait vraiment souffrir, cette course est damnée pour moi, l'histoire se ressemble à celle de 2002. Je passe la montée en courant, arrive à la place de mon abandon de 2002 dans les mêmes temps environ, soit 215 km en 24 h et commence sérieusement à claudiquer.

A la douleur, s'ajoute un peu d'angoisse car je commence à avoir la tête qui déconne complètement. J'ai des flashes, des hallucinations. A présent 9ème, je vois le coureur qui me devance parfois 100 m devant moi, parfois beaucoup plus loin, mais en fait on ne le voit pas du tout. J'en viens presque à espérer être renversé par une auto, pour mettre un terme à ma souffrance. Puis je redeviens bien conscient et me dit que je déconne complet. Je me sens vraiment bizarre.
L'angoisse vient plus du fait que ma jambe n'est pas belle plutôt que de ces pertes de réalité, de conscience altérée. Ceci est le fait de la douleur et de la fatigue conjuguée, si j'arrive à me maintenir dans cet état, je devrais pouvoir atteindre l'arrivée. C'est aussi qu'il faudrait que je remange vraiment quelque chose de consistant, l'hypoglycémie est latente et aide aussi sûrement à cet état.

   

Bref, je suis mal. Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est que ma jambe est rouge de la cheville au genou, enfle, dure et me fait mal au niveau du tendon extérieure sous le genou ou dans la zone de celui-ci.

J'ai souci d'avoir une thrombose ou quelque chose du genre.
Au 224,5 ème kilomètre, je décide d'abandonner, la douleur est vraiment trop forte et la tête déconne complètement, je ne suis plus assez bien sans me mettre en danger. C'est rageant, je suis toujours 9ème et il ne reste que 21,5 km, une paille si on est en forme, une montagne si on est fatigué ou mal, un océan sur un radeau si on est à l'agonie, ce qui est mon cas cette fois.
Cela veut dire que j'aurais peut-être pu atteindre l'arrivée mais que les chances n'étaient plus de mon côté, malgré toute la bonne volonté du monde.

Je me suis fait soigner par le médecin de course en prévision d'une thrombose avec des piqûres pour prendre l'avion du retour. De retour chez moi, les examens de mes veines n'ont pas confirmé de thrombose mais plusieurs inflammations au niveau du genou, de plusieurs tendons et tissus différents.

En 2003, je m'étais fait sprayer du froid car j'avais aussi commencé à souffrir des genoux. J'aurais peut-être dû faire pareil, après coup, c'est toujours facile ! Je reviendrai je pense, pour la terminer…une deuxième fois.


Amitié transcontinentale!