Mon premier cône

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Mon premier cône

J’en avais vu qu’en image
D’un coup il trônait là devant moi
Il n’avait rien d’un mirage
J’étais statufié de respect et d’émoi

Hypnotisé de ma trouvaille
De petits brins d’herbe semblaient le chérir
Troublé par la perfection du travail
Mon odorat s’émoustillait sans coup férir

Je me prosternai devant lui
La joie se transforma vite en ivresse
J’étais allumé, baba, ébloui
Les cônes depuis lors me mettent en pleine allégresse

Avec l’insouciance d’un môme de six ans
Je découvrais les joies de l’évasion
Ma vie débourgeonnait comme le printemps
M’évadant des heures à chaque occasion

Maître de moi sans joug parental
La liberté m’imprégnait chaque cellule
J’apprenais les fleurs aux étranges pétales
Les trucs volants je les nommais libellule

Chaque fois que je retrouve ces petits cônes
Je retourne au doux printemps de ma vie
Ce qui est pour moi devenu icône
Résout mes problèmes tel l’abaissé pont-levis

De la terre sereins et détachés ils le sont
Ces petits cônes ces pyramides que je recherche
Ces merveilles me firent oublier avec leçon
Qu’un focus trop grand nuit au but qu’aussi je cherche

Non je ne divague en rien je ne suis camé
Moi calme et détaché par mimétisme
Aux petits cônes qui me font déclamer
D’avoir des libertés fut pour moi un séisme

Même Papa Maman ne s’en inquiétaient
Quarante ans plus tard au long des routes suédoises
De grands cônes à eux et à la joie m’aimantaient
Humés, chéris, cueillis je leur dois une ardoise

 

Ardoise d’un toit où je les faisais sécher
Celle qui à l’âme m’évita l’écorchoir
Celle m’inoculant la motivation perchée
Plus haut que les déboires voulant me faire choir

D’observation un cône avachit, défraîchit
Les miens me font cavaler, ils m’ont affranchi
De la notion du temps qui me laisse l’omettre
Et de l’espace où je dompte les kilomètres

Quand je les marche ou les cours j’en fais des broutilles
Et quand de joie je crie c’est que j’trouve une morille
Qu’elle soit petite grande blonde ou brune c’est ma béquille
Les difficultés elle me les étrille

Moi courant à travers l’Europe elles me sauvèrent
Les morilles de moi écartèrent le mauvais ver
Celui qui rongeait ma confiance moi bonne pomme
Livré au doute des blessures, me sauva leur baume

Et que les difficultés s’esquivent
Et que le bonheur de les cueillir me rende ivre
Et que la flamme de vouloir finir revive
Et que je piaille mes cris d’arrivée telle une grive

Depuis mes six ans ça me fait le même effet
Par les alvéoles de ce magnifique champignon
Je suis protégé par l’esprit de ma bonne fée
Qui fait briller mes yeux plus que des lumignons

La morille puisque c’est cela mon cône
Me submerge toujours d’émotions de plénitude
Elle claire mon visage d’un sourire d’émoticône
Elle m’envoie aux quatre vents par habitude

Christian Fatton
Avril 2018



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