Adamello Supertrail, vendredi 29 juillet 2011, 160 km et 9000 m dénivelé.

Départ à Brescia.

Nous logeons dans un hôtel à 100 m du départ, à l’Orologio, dans la vieille ville, au pied du château.

           


Un peu d’attente le vendredi matin avant le départ, vers les 9 h. Contrôle du sac et des réserves alimentaires, du courant sur les longues épreuves en semi-autosuffisance.

Sitôt le départ donné et la conduite du peloton à travers la ville par un motard de la police, on se perd dès qu’on est livré à nous même. En fait on va s’en rendre compte 45 minutes plus tard, lorqu’au lieu d’être le petit peloton de tête, on se retrouve à la queue, derrière les attardés. On a dû courir 10 à 15 minutes de trop. En fait, comme on a plus vu de marquage, on a suivi les traces bleues des chemins pédestres, comme nous l’avait dit l’organisation. Il faut dire que ça me faisait un peu peur, cette manière de gérer le parcours. Si il n’y a pas de marquage, c’est qu’il faut suivre les marques des sentiers pédestres. Comment savoir si on est sur le bon sentier ?

Bon, je rattrape avec d’autres coureurs et 2 h plus tard, on se retrouve à nouveau parmi les 6 premiers. Les paysages sont magnifiques, on longe des crêtes qui nous permettent d’admirer le lac d’Iseo et son île, le Monte Isola. C’est assez tournant quand même, et c’est bien vallonné. Des montées sont tellement raides qu’il me faut parfois marcher sur des tronçons pourtant bétonnés, qui montent droit en haut la côte.

On a un petit orage sur un sommet, le sentier qui suit à la descente est bien glissant. Les kms sont assez longs, car avec mon gps, je me demande si je n’ai pas louper le ravitaillement du 23ème km. J’ai un sérieux décalage. Environ 5 km autour du 30ème km. Avec la chaleur, les distances sont grandes d’un poste à l’autre et ça donne vraiment soif.

Abandon à l'Adamello Supertrail après 116 km officiels mais 130 km réels, et 7200 m de dénivellé, suite à 3 h perdu dans la nuit et pris un mauvais chemin.

Il m'a fallu 1h30 pour refaire le chemin inverse et retrouver le parcours, avec un autre coureur.

Comme il me suivait, je ne me suis pas méfié que c'était faux. C'était de nuit et malgré une bonne lampe,

on avait de la peine à trouver les marques. Et comme on devait suivre les marques pédestres s'il n'y avait pas les balisages de la course, on a cru qu'on était juste.

J'avais déjà manqué un ravitaillement l'après-midi, je croyais que c'était qu'un poste de contrôle et n'ai pas pris à boire, donc j'ai déjà subi une déshydratation l'après-midi, j'étais sec. A ce poste, il m'a été dit que le ravitaillement était plus loin, mais c'était faux, il avait des bouteilles pour remplir nos gourdes, ai-je appris ensuite. Le début de la nuit, avec le vent, le balisage de la course s'était en partie envolé et on n'était jamais sûr d'être sur le parcours, trouvant un balisage rescapé tous les 15 minutes environ.

Je me suis refait au poste principal du 88ème km, avec une soupe et des pâtes au milieu de la nuit, suite à un début de déshydratation, plusieurs heures sans avoir quelque chose à boire. C'est ensuite que je me suis perdu. Là, ça m'a fait 6 heures avec 2 gourdes. Les 2 dernières heures, j'avais plus rien à boire, j'aspirais la rosée dans un col presque à la verticale par endroit avec des échelles et des câbles, des chaînes.

J'ai pensé à aspirer la rosée car j'avais le nez pas très loin de l'herbe tellement c'était raide et ainsi j'ai pu voir qu'il y avait des gouttes d'eau prisonnières de plantes en forme de vasque, ça m'a humecté à nouveau la bouche.

Ensuite, après 25h de course environ, on a eu un passage d'un km où il n'y a que des chaînes et des câbles, avec des petites échelles ou via ferrata à la descente, sur 5 à 10 m de haut, à flanc de côteau avec 1400 m de vide...à ta gauche, avec un sentier de 50 cm de large. En bas, j'ai demandé s'il y avait encore des bouts si dangereux, on m'a dit que c'était encore dangereux.

Avec mon pied où je m'encouble souvent dans les pierriers, j'étais un peu tétanisé sur ce tronçon, car même si on pouvait se tenir à une chaîne, j'ai pas trop le droit de m'encoubler dans des passages pareils, 1 km en 1 h...pour moi c'était plus de la course, donc en bas,j'ai dit faut arrêter de déconner et j’ai préféré arrêter, malgré que j'étais encore bien placé parmi les prétendants aux 5 premières places. C'était plus de la course, mais du déplacement en haute montagne.

De plus, le ravitaillement était contingenté avec des bons depuis le ravitaillement du km 88 et on n'avait pas assez de bons pour se ravitailler normalement, bref pas une organisation au point et un manque d'infos quant à la dangerosité du parcours, bien que j'aie demandé si ce n'était pas trop dangereux 2 fois par e-mail avant de m'inscrire. Enfin....le paysage était quand même magnifique.

     


     


Km 88, vers 1h du matin, le seul endroit pour vraiment manger à sa faim et remplir les gourdes dès ce point. Ensuite, c’est contingenté avec des bons qu’on n’a pas en suffisance. Rien que pour remplir 2 gourdes, manger une soupe et un peu de fromage et du pain, on me demande 5 bons alors que j’en ai 6. Finalement, je vais en donner 3. Mais il m’en aurait fallu au moins 20 pour satisfaire ma soif et ma faim jusqu’à l’arrivée. Le ravitaillement devrait être à gogo au moins aux postes.

     


Les passages dans les pierriers sont légions et comme le balisage est minimaliste, on se trompe facilement de nuit, surtout si on doit suivre les balisages des sentiers pédestres si le balisage manque. Le problème est que si on voit un autre sentier, on ne peut pas tout de suite penser qu’on est faux si il n’y a pas de balisage avec ce procédé. Il y a beaucoup de choses à améliorer dans cette organisation. Il faut espérer que ça s’améliore rapidement car la région est magnifique. Bien entendu, avec la difficulté du parcours, il faut un balisage plus serré et davantage de monde pour le contrôle ou en cas de pépins. Il n’y a pas beaucoup de chemins d’accès carrossable au parcours et on est bien souvent seul. Enfin, ça m’a fait une ballade dans les Alpes dans un endroit que je ne connaissais pas, mais je me serais bien passé du stress de me perdre, de ne pas avoir à boire et aussi de concourir sur des sentiers pas fait pour une course à pied….

     


Sentier aussi large que des traverses de chemins de fer avec 1400 m de vide et passage avec des chaînes et échelles sont monnaies courantes dès le 110ème km

     


     


A mon avis, les organisateurs peuvent remercier cet ange qui a veillé sur les participants qu’il n’y ait pas d’accidents. Ils ont surtout eu beaucoup de chance… En leur souhaitant quand même qu’il améliore la qualité des ravitaillements et le balisage, pour la sécurité des coureurs.

C'était donc bien une course mais suite à mon abandon pour les raisons évoquées, s'est transformé en entraînement de longue distance, d'où sa classification dans les tours d'entraînements particuliers.

Photos de Julia Fatton